Je pensais ce jour vous présenter mes voeux et dans ceux-ci je parlais du "se battre ensemble"...Mais j'ai pensé qu'il était plus essentiel de vous faire part de l'article ci-dessous....Un premier janvier, l'usage veut que les voeux soient incolores, inodores et sans saveur....Bonne Année....Bonne Santé......mais je n'ai aucune envie qu'ils fussent ainsi.....L'année 2010 sera essentielle pour la Maurienne....pour la Communauté de Communes "Coeur de Maurienne" et pour notre cité....Nous devrons nous battre sur tous les fronts.....et nous avons besoin de nous battre ensemble.....Daniel Meindre
« Scandale économique et écologique silencieux ! »
Philippe Vachette
« Dur, durée, durable ! » la chronique de Philippe Vachette, développeur du projet Solira.
Philippe Vachette décrypte l'un des enjeux des Assises de l'industrie, organisées le 17 décembre en Savoie : l'avenir de l'usine d'aluminium de Saint-Jean.
Dans sa stratégie financière mondiale, la société Rio Tinto a prévu depuis son acquisition, de fermer ses deux usines d'aluminium de Saint-Jean de Maurienne (136 000 tonnes / an) et de Dunkerque (plus du double).
Rio Tinto veut ainsi se concentrer sur de très grosses unités implantées sur les sites de gaz du Moyen Orient ou d'Algérie, là où l'énergie fossile est encore peu chère à court terme, en l'absence de taxe carbone mondiale.
En abandonnant les localisations traditionnelles prés de grands sites hydrauliques ou (et) des grands marchés européens, Rio Tinto montre son total mépris de toute vraie stratégie mondiale de lutte contre les émissions de CO2Comme il faut 14 000 kWh pour produire une tonne d'aluminium et que le kW produit à partir du gaz émet huit fois plus de CO2 que celui issu du « bouquet énergie » français, il y aurait prés d'un million et demi de tonnes de CO2 supplémentaires émises par an si les 136 000 tonnes fabriquées à Saint-Jean de Maurienne étaient produites avec des centrales à gaz, sans parler des transports pour livrer l'aluminium du Moyen Orient vers l'Europe !
Le bilan carbone d'un tel transfert est donc catastrophique et annule presque tous les efforts annuels que nous sommes en train de faire en Rhône-Alpes.
Cet échec représenterait 94 % la réduction annuelle de CO² que doit atteindre la totalité de la région Rhône-Alpes (à travers la somme des efforts de la totalité les acteurs privés, industriels et publics).
Qui peut admettre cela ?
« L'énergie française » serait trop chère !
Le renouvellement du contrat spécifique avec EDF entraînerait une hausse de 20% du prix de l'énergie et c'est ce qui condamnerait les sites français, en ne comptant pas le CO2 bien sûr.
Avec ce message, Rio Tinto veut seulement arracher, la décision de se voir « donner » le barrage de production électrique de Bissorte.
Puis, l'usine étant fermée, pouvoir vendre - au plus cher surtout en heure de pointe - l'énergie disponible, tout comme elle l'a fait à Kilimat sur la côte ouest du Canada, ou à Loch Aber et Kiloch Kliven en Ecosse, où les usines d'aluminium ont été fermées ou très réduites pour « marger » encore plus fort sur la vente d'électricité !
Donc, à Saint-Jean de Maurienne on prépare, le processus de fermeture (arrêt successif et « en douce », de cuves difficiles à redémarrer) mais surtout on en dit le moins possible et pas aux responsables locaux ou aux médias !
Puis l'outil étant définitivement réduit et fragilisé, on peut prétexter de la crise pour arrêter en douceur !
Même le laboratoire de recherches fermera.
Il est pourtant à l'origine des technologies équipant 80% des usines dans le monde.
Pourtant Alcan Rio Tinto a une double dette envers la Maurienne : La pollution qu'elle laisserait à nos enfants, comme dans bien d'autres sites savoyards et l'expérience industrielle permettant une excellence technologique dans l'amélioration des procédés d'extraction de l'alumunium dans le monde entier !Cette excellence industrielle et l'électricité à très faible CO2 donne un avenir possible à la production d'aluminium en Maurienne.
C'est un pari difficile en cette période de forte mutation industrielle mondiale, mais il existe au moins un projet économique réaliste, viable porté par des professionnels de l'aluminium pour relancer ce site, grâce à des évolutions de produits et à de très fortes économies d'énergie.
A partir d'une seule rénovation industrielle, on gagnerait sur trois enjeux majeurs : emplois préservés, grosses émissions de CO2 maîtrisées, économie massive d'énergie.
Face à l'absurdité flagrante de la seule logique financière, il y a en Maurienne des réponses viables, intelligentes, solidaires et indispensables au plan écologique.
L'aluminium, c'est l'histoire et l'avenir de la Maurienne.
Alors qu'il existe un savoir faire reconnu à l'international, et un projet de rénovation autant industrielle qu'écologique, il est absurde de laisser partir cette fabrication loin de son marché européen, d'expédier en Chine des déchets qui sont un vrai gisement d'énergie et de contribuer ainsi massivement - par indifférence ou peur d'intervention - à une hausse inadmissible des émissions de CO2.
Mais tant que Rio Tinto n'accepte pas que l'usine soit vendue, les repreneurs ne pourront pas monter leur plan de relance !
C'est donc aux Mauriennais, aux Savoyards de se mobiliser avec les médias pour dire à Rio Tinto : Soit vous réinvestissez clairement pour remettre à flot un outil délaissé, selon un calendrier contractuel précis et contrôlable; soit vous vendez tout de suite, condition de base pour mobiliser des repreneurs avec un plan « développement industriel soutenable» chiffré et jouable.
Les régions Rhône -Alpes et Nord Pas de Calais, l'Etat et l'Europe ne peuvent laisser partir et régresser cette production d'aluminium vers des énergies à très fort taux de CO2, au prétexte que ce n'est pas exactement dans leurs compétences.
Que voudrait dire alors tout les « Plans Climats » de Rhône-Alpes, quand leur efforts en CO2 seraient presque réduits à zéro ?
Les citoyens et les électeurs prennent de plus en plus au sérieux le changement climatique.
Ils veulent clairement que nous en traitions les conséquences mondiales en faisant évoluer notre industrie locale !
Ce n'est plus une option mais une obligation !
La réussite de cette mutation locale de la production d'aluminium sera le symbole ou le contre témoignage d'une volonté de développement soutenable pour l'industrie en Rhône Alpes et ce sera un point majeur quand il s'agira de choisir nos conseillers régionaux !
Le projet Solira (Solaire Investissement Rhône-Alpes) vise à mobiliser de l'épargne locale et citoyenne pour créer et exploiter en Rhône-Alpes des centrales photovoltaïques de moyenne et de forte puissance.