En 1965 j'avais 19 ans et je ne pouvais voter à la première élection présidentielle car la majorité légale était de 21 ans. (Il fallut attendre 1974 et l'élection de Valéry Giscard d'Estaing pour que la majorité légale fusse ramenée à 18 ans). J'étais furieux car je m'estimais capable de voter et de choisir en connaissance de cause. Ce fut le Général de Gaulle qui fut élu.
En 1969 l'élection se joua au second tour entre Georges Pompidou et Alain Poher, deux candidats de droite. Jacques Duclos, communiste avait recueilli presque 20% des voix au premier tour.
En 1974 suite à la mort en cours de mandat de Georges Pompidou le candidat naturel semblait être Jacques Chaban-Delmas un candidat gaulliste, trop social aux yeux de beaucoup. Jacques Chirac par "l'appel des 40" appelant à voter Valéry Giscard d'Estaing permit l'élection de ce dernier face à François Mitterand.
L'élection de ce dernier en 1981 s'appuya sur des promesses impossibles à tenir mais aussi sur la défection de Jacques Chirac qui fit tout pour empêcher la réelection de Valéry Giscard d'Estaing.
Deux ans après, confronté à la réalité économique, le Président faisait appel à Laurent Fabius et à Jacques Delors;
En 1988 le duel entre Jacques Chirac et le Président sortant tourna à l'avantage de ce dernier malgré l'excellent résultat de Raymond Barre qui, si il avait été élu aurait empêché la dérive financière de notre pays.
En 1995 Jacques Chirac fut élu naturellement et eut la chance en 2002 de se retrouver confronté à Jean-Marie Le Pen. La gauche certaine de gagner s'était divisée de façon absurde. Jacques Chirac au lieu de profiter de ce rassemblement républicain s'enferma sur son pré carré ouvrant ainsi la porte à tous les ambitieux de son propre parti. Ce fut d'autant plus aisé que ses deux mandats furent d'un immobilisme rare.
En 2007 malgré le résultat de François Bayrou (18%) le débat du second tour opposa Nicolas Sarkozy qui apparut aux yeux de beaucoup et dans tous les milieux sociaux et politiques comme une chance d'évolution de la société française face à Ségolène Royal dont le principal défaut était d'être une femme qui avait osé passer outre aux caciques de son propre parti.
En 2012 il est probable que le second tour opposera Nicolas Sarkozy et François Hollande. Ce n'est pas leur faire injure que de constater que le premier a un bilan qu'il est difficile d'oublier et le second un style de notable 3ème république ne représentant à eux deux au maximum 4 français sur dix. François Bayrou espérait que son rôle de Cassandre serait enfin reconnu mais parler de rigueur, de sérieux, de crise n'électrise pas les foules d'autant plus qu'il avait affaire à deux opposants situés aux extrêmes dont le maître mot est la démagogie totale, s'appuyant sur les paroles qu'un électorat qui souffre, qui a peur souhaite entendre.
Alors à qui sert l'élection présidentielle ?
A ce jour je pense qu'elle est devenue inutile car elle est devenue dangereuse pour l'unité de notre pays. Depuis deux ans il ne se passe pas un jour sans que la radio, la télévision, la presse ne parle de l'élection. Peu à peu, les mots sont devenus plus agressifs, les promesses plus folles et tout est fait pour que l'on ne parle pas de la réalité, de ce que nous allons prendre conscience à partir du 7 mai : la réalité économique et financière dramatique, l'annonce différée de la fermeture ou de la décentralisation de nombreuses usines (Saint Jean le vivra avec Rio Tinto), un endettement de plus en plus lourd, des plans de rigueur que nos dirigeants feront porter sur l'Europe, le monde, le FMI........
Notre aveuglement est tel que nous disons encore aujourd'hui :
"Encore quelques jours, Monsieur le Bourreau" !
Nous avons un Parlement croupion qui ne représente pas dans sa composition sociologique notre Nation et encore moins la représentation politique de la France. La proportionnelle est toujours promise avant les élections et oubliée ensuite.
Si le Président actuel est élu pour un second et dernier mandat, dès le 7 mai, les ambitions et les ambitieux pour 2017 vont émerger.
Et pendant ce temps-là la France sombre comme le Titanic devenant, sans un sursaut qui ne peut provenir que de son peuple, une nation de troisième ordre.
Il faut revenir aux fondements de la République : un parlement représentatif avec un Premier Ministre et un Président désigné pour ses capacités morales par l'ensemble des corps constitués. D'autres grands pays s'en portent fort bien.
Mais je crains que la France n'ait jamais fait le deuil de la royauté !
Daniel MEINDRE
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